Quelques-uns quels qu’ils soient au festival Nous n’irons pas à Avignon !

Chaque année le festival « Nous n’irons pas à Avignon » me fait signe. Je n’y suis jamais allé et pourtant j’aime beaucoup l’idée de ce festival de théâtre à contre courant : en juillet il n’y a pas qu’à Avignon qu’on fait du théâtre. Jamais allé donc… jusqu’à hier soir.

Et hier soir c’était un moment particulier : la grande première d’une pièce écrite par Emilie Leconte, une amie, et dans laquelle joue, Guillaume Laurent, un ami, (et oui j’ai au moins 2 amis) grande première pour lui aussi en tant que comédien. D’excellentes raisons donc pour aller faire un tour dans ce lieu de théâtre improbable et magique qu’est la Gare au théâtre à Vitry-sur-Seine.

Mais plutôt qu’une pièce, c’est un parcours théâtral que nous propose l’auteur. Je ne vais pas vous faire la bio complète de cet artiste ici et maintenant (je pense qu’on pourrait faire un blog complet sur ses activités) mais il faut tout de même savoir que la (jolie) demoiselle touche à tout : vous pourrez la croiser sur un spectacle d’échasses, comme dans un festival de court-métrage présentant son film ou encore dans des performances d’acteurs au détour d’un festival de rue. Décor planté.

Mais ce soir là c’est bien une pièce un parcours théâtral qu’Emilie nous propose : Quelques-uns quels qu’ils soient. Le titre est sans équivoque : nous avons rendez-vous avec le quotidien, des gens lambda, dans une situation banale. Et je vous laisse finir la phrase : une pièce lambda sans intérêt ? C’est sans compter le génie d’écriture de Dame Leconte. Je ne sais pas si elle se reconnaitra là-dedans mais j’ai retrouvé du Desproges, du Professeur Rollin dans ses dialogues : tourner en dérision ce quotiden qui souvent nous écrase de sa monotonie, de son inintérêt.

Les débuts sont déroutant : vous entrez dans la salle, une salle qui n’a pas de scène centrale avec des gradins autour mais plusieurs coins (5 pour être précis) où des comédiens vous attendent. Vous passez devant eux, lisez leur CV affiché juste devant et passer aux autres comédiens un peu plus loin. Idée que j’adore : en quelques minutes vous avez le contexte, l’introduction de chaque personnage. Un peu comme dans un musée, vous passez devant ces personnages du quotidien et vous faites connaissances avec Véronique, Gilles, Pascal et Bertrand.

Acte II, vous prenez votre petite chaise et vous passez de mini scènes en mini scènes, découvrant ces mini vies, frappées du sceau de la banalité la plus grise. Comme cette Véronique dont la vie ne se résume qu’à une longue et interminable conversation. Combien de Véronique croisons nous chaque jour, une Véronique qui peut nous parler de manière convenue et prévisible de la pluie, du beau temps comme de la boulangerie qui vient juste d’ouvrir au coin de la rue. A la manière d’une interview de star ou d’un sportif, Véronique est questionnée par son interlocutrice :

– Quel genre de conversation pratiquez-vous ?
– Je pratique principalement les conversation ordinaires de 3 mn.

– Adoptez-vous une position particulière pour engager une conversation ?

– Est-il recommandé de ponctuer une conversation par quelques mines rêveuses et agréables ?

– Comment concluez-vous vos conversation ?

Ou encore Gilles, interprété par Guillaume Laurent pour qui le rôle a été écrit sur mesure. Gilles est quelqu’un de plutôt invisible, tendance végétal récéssif.

– Vous considérez-vous comme un homme ordinaire ?
– C’est compliqué

– Où allez-vous en vacances ?
– A bourg-en-bresse

– Peut-on dire de vous que vous êtes sans charme, sans saveur et sans conversation ?
– je ne me rends pas bien compte…

– Jouez-vous aux dominos avec des personnes âgées ?
– oui

Des dialogues totalement suréalistes dans lesquels je vois même parfois des délires du genre Kamoulox de Kad et Olivier. J’ai bien peur que l’auteur ne soit pas transportée de joie à la lecture de cette référence, et pourtant c’est un vrai compliment : faire de mots et situations ordinaires des moments drôles et irrésistibles.

Je ne vous parlerais ni de Bertrand l’homme d’action, ni de Pascal l’homme précis car il est grand temps que vous éteigniez votre ordinateur pour profiter des 3 dernières représentations qui ont lieu de ce jeudi soir à dimanche soir.

A noter que j’ai trouvé toute la troupe des comédiens assez excellente : ton juste, implication… ils servaient à merveille l’écriture d’Emilie… bon vous l’avez compris, j’ai vraiment aimé 🙂

Festival Nous n’irons pas à Avignon
du 4 au 29 juillet
13, rue Pierre Sémard
94400 Vitry-sur-Seine

Pièce :  Quelques-uns quels qu’ils soient
11 au 15 juillet 2012 à 20h15 – Durée : 45 minutes
Texte et mise en scène : Emilie Leconte
Scénographie : Hélène Lebecque
Avec : Eléonore Baron, Florence Boog, Jean-Marc Coudert, Guylène Garraud, Pierre Katuszewski, Guillaume Laurent

Jef

Au simple mot insolite, il est toujours prêt à faire quelques km en plus. Passionné de voyage, il anime Voyage-Insolite.com et son blog perso Vol714.com, le jour devient dealer de gadgets avec Super-Insolite.com et le jeudi organise l'apéro avec Aperodujeudi.com. Et la nuit dort. Parfois.