« Tu ne peux pas fuir ton ombre mais tu peux l’inviter à danser »


Alors Ils danseraient leurs démons, ils 
danseraient leur obscurité
Ils danseraient leur « besoin de consolation impossible à rassasier ».
Ophélie ne danse plus Millais l’a réveillé,  Cocteau lui a fait rencontrer la Bête et Murnau les ombres.On songe 
À la compagnie Yokaï et à ses créatures divines,
À Diane Arbus et ses jumelles nous ayant fait crier dans « Shining »
À « Enemy » de Denis Villeneuve
Aux masques blancs de Jonathan Bree
À « Carrie »et à ses cheveux de sang, 
Aux danses Dervish,
À la procession dans la forêt des « Rêves » de Kurosawa, 
À l’amoureuse morte de Christian Bobin,
À cette fillette aux cheveux blonds au carré danseuse dans « Chandelier »…
Ce que nous livre la poésie inquiétante de Karl Biscuit et de la chorégraphe Marcia Barcellos, c’est ce qui se trame sous les eaux quand les bêtes à cornes dansent avec les sirènes à la chevelure couleur feu,  quand les géants à costumes pailletés s’approchent de la liberté qu’ils ne peuvent saisir, quand les danseuses tournoient si vite qu’elles s’envolent dans les fils qu’on croirait tissés par Shiaru Chiota, quand les mains caressant le devant du corps féminin nous rappellent les rythmes sensuelles d’une Nuit Sonore…


Les chagrins trop grands à exprimer prennent « la forme de l’eau » et celle d’un  oiseau qu’on croirait sorti du roman sur le deuil de Max Porter « La douleur porte un costume de plumes ».


Les gestes des danseurs sont saccadés, parfois doubles, les cheveux sont longs comme l’éternité de l’effroi, la course de cet homme nous transporte au cinéma, la création sonore est aussi belle que la surimpression.

On devrait leur dire merci à la Cie Système Castafiore, merci pour le sublime, pour l’envolée cauchemardesque, pour les créatures surréalistes,  les monstres sonores et  pour le défilé de nos démons. Merci pour le rêve éveillé et pour le carnet dans lequel il faudra noter ce qui vient nous visiter la nuit.

Cie Systeme Castafiore – « Anthologie du cauchemar » – Théâtre des Celestins

Cindy Mollaret

Curieuse insatiable, Passionnée d'art, En quête de Beau, Et de liberté, Eveilleuse d'âme, Exploratrice du vivant, Les mots m'enveloppent depuis Toujours.