Une femme extraordinaire

Ce soir là, j’avais rendez-vous du côté de la Folie Méricourt dans une petite impasse comme seul Paris sait les faire. Et dans cette impasse se cache un joli petit théâtre, la Folie Théâtre. Mais c’était un rendez-vous un peu spécial : pour la première fois je crois, j’étais un peu stressé à l’idée d’aller voir une pièce de théâtre. Une pièce de théâtre déconseillée au moins de 16 ans, Une Femme Extraordinaire.

Une pièce déconseillée au moins de 16 ans

Il ne faut pas longtemps pour qu’on comprenne pourquoi la pièce est déconseillée au moins de 16 ans. La première scène (qui ne comprend pas de nu) vous met immédiatement dans le bain, sans échauffement : un dialogue d’amants fougueux, épris de désirs violents, sans aucune censure. Pas si évident que ça à écouter en fait. Ces dialogues sont très intimes : on ne s’est pas encore tout à fait mis dans la pièce, vos voisins de fauteuil sont encore bien présents (je les oublie au bout d’une dizaine de minute en général)… bref, pas à l’aise.

Mon premier nu sur scène

On avait compris à leur dialogue que les amants brûlaient de désir l’un pour l’autre, maintenant l’amour devient physique sur scène. Entièrement nus, les deux amants font donc l’amour devant nous. Là encore j’étais pas super à l’aise mais l’expérience était intéressante. On assiste donc à ce tourbillon d’amour et de sexe : Renaud (Daniel Hederich) , un homme libertin qui fou amoureux n’a d’yeux que pour Lila (Anna Stern), une jeune muse qui virevolte de shooting mode en tête à tête avec des stars, une jeune muse qui semble avoir un avoir radieux dans la chanson. On parle de mariage à Las Vegas, c’est le bonheur. Un bonheur qu’on devine lancé sur des bases fragiles…

Ce premier acte est un peu déroutant. Les scènes chaudes semblent être posées là, comme ça, le tout sonnant un peu faux. Mais tout va s’éclairer…

Les plaisirs laissent place aux doutes

Car oui ça sonne faux. Faux comme Lila qui de muse passe à suspecte. Bien qu’amoureux, Renaud doute. Et puis il cherche à se rassurer plus il doute. Nous le suivons dans son abîme de questions et d’amour. Et la pièce prend une toute autre tournure. Fini les plaisirs, place au doute. Le doute dans le couple. On apprécie d’autant mieux le jeu des acteurs dans ces scènes de tension, de déception.

Renaud se pose même la question : est ce que le mensonge n’est pas acceptable si il permet le bonheur ?

Le 3ème acte est certainement le plus intéressant. L’apothéose de la pièce avec une mise en scène bluffante. Un double face à face. La psychanalyste qui analyse Renaud et l’inspecteur qui interroge Lila qui a fini par se faire pincer. Deux façons de voir la vie, deux façons de souffrir et d’aimer en même temps.

On s’interroge sur le couple, l’homme, la femme… cette société patriarcale qui pousse la femme à se servir du sexe comme d’un pouvoir d’émancipation… c’est en tout cas l’une des hypothèses poussées par la pièce.

Le gros coup d’humour, c’est cette montée sur scène d’un spectateur qu’on attache façon bandage. La scène est vraiment comique, j’imagine que notre spectateur anonyme était bien inspiré, mais cette scène marche vraiment. En tout cas, c’est la première fois dans un spectacle où j’ai regretté de ne pas être au premier rang.

La mise en scène sert bien la pièce. Arthur Vernon, le créateur et le metteur en scène de la pièce, marie à merveille les vidéos de Shan Sun qui donnent vie aux réseaux sociaux des deux personnages, la lumière d’Elodie Murat qui habille à merveilles les corps des amoureux, et l’excellente musique de Sébastien Rostagno qui colle à l’atmosphère de la pièce. Le double face à face, ce fabuleux rideau blanc qui épouse le corps nu d’Anna Stern (Lila) – moment où l’on devine sa carrière de danseuse au Crazy Horse, vous aimerez les différents artifices de cette belle mise en scène.

une femme extraordinaire

Une Femme Extraordinaire

d’Arthur Vernon

Mise en scène : Arthur Vernon
Assistante mise en scène : Aurore Duquesne
Avec : Anna Stern, Daniel Hederich
Création lumières : Elodie Murat
Scénographie : Arthur Vernon
Musique : Sébastien Rostagno
Infographiste : Shan Sun
Décor : Jason Hughes

A La Folie Théâtre – Grande Salle
6 rue de la Folie-Méricourt 75011 Paris

jeudi, vendredi et samedi soir
21h30 jusqu’au 27 janvier

Jef

Au simple mot insolite, il est toujours prêt à faire quelques km en plus. Passionné de voyage, il anime Voyage-Insolite.com et son blog perso Vol714.com, le jour devient dealer de gadgets avec Super-Insolite.com et le jeudi organise l'apéro avec Aperodujeudi.com. Et la nuit dort. Parfois.

Un commentaire

  1. Cela me semble être très intéressant. J’ai vraiment envie de voir cette pièce d’autant plus que je n’ai jamais vu du nu dans une pièce de théâtre. Néanmoins, ce qui m’intéresse le plus c’est de découvrir le jeu de ces acteurs

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