L’humour noir de Blanche Gardin

Il y a quelques mois, je ne connaissais pas encore l’existence de Blanche Gardin. J’étais passée complètement à côté de ses débuts au Jamel Comedy Club, ainsi que la série de Canal+ WorkinGirls dans laquelle elle a interprété pendant plusieurs saisons une Hélène Grilloux moche et dépressive – qui s’habille en beige et rose saumon, c’est dire. Mais depuis quelques années, Blanche Gardin est surtout connue pour ses one-woman-show grinçants qui rappellent la verve d’un Gaspard Proust dans ses bons jours.

« Je parle toute seule »

Interdit aux moins de 17 ans, son deuxième spectacle, joué pratiquement à guichet fermé pendant quatre mois, s’est fini à la toute fin du mois de juin. Quelques jours avant la fin des festivités, je me suis glissée dans la salle archi pleine de l’Européen pour assister à ce fameux « Je parle toute seule » qui a été encensé tout le printemps durant. Le verdict ? C’est scato, un peu vulgaire, souvent border-line mais drôle et enlevé. Comme on dit en jargon marketing, c’est très efficace.

Exit la bienséance

Dans ce spectacle, le politiquement correct est persona non grata, et cela dès le début. La mise en scène est minimaliste, seule une tenue très féminine tranche avec les propos décapants. Une tenue rehaussée par un joli sautoir, car « Quitte à ne pas se faire baiser, autant ressembler à une femmes de lettres ». Le ton est donné et le public est déjà en transe ! Pendant 1h30, Blanche Gardin parle de sa vie et de la société pour en montrer le plus incongru. En bref, elle décrit une vie pas très instragrammable. Sans fausse pudeur, elle enchaîne les sujets dits « féminins » avec bonhomie – son célibat qui traîne en longueur, sa première sodomie, son non-envie d’enfant, ses mycoses vaginales, ses premiers émois avec les cousins, son enfance avec un papa tueur de chatons, etc. La jeune quadra, qui aime souvent citer en interview Guy Debord – « Rien d’important n’a jamais été communiqué à un public en le ménageant » – parle de choses dont on ne parle pas d’habitude, comme par exemple ses jeux-tortures de petite fille sur les animaux – des tortures un brin sexuelles. Mais l’humoriste fait mouche et le public en redemande. Une belle pincée d’autodérision, une cuillère de cynisme, le spectacle se déguste comme une douceur sucrée, avec un plaisir un peu coupable.

Blanche Gardin, « Je parle toute seule »
Mise en scène Maia Sandoz

Tiphaine Cariou

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