La Callas au théâtre

Il y a les mythologies grecques et il y a l’histoire de la Callas. Certes il est plus difficile de trouver des morales dans l’histoire de cette cantatrice grecque, de LA cantatrice, mais il est indéniable qu’elle est devenue un véritable mythe. Et c’est l’incroyable histoire de ce mythe, que Jean-Yves Rogale nous propose dans sa pièce.

La vie de celle qui a révolutionné l’art lyrique du XXème siècle se prête particulièrement au théâtre ou au film. Tout y est : passion, amour, argent, succès, déchéance, tromperie, luxe, haine… depuis ses débuts professionnels en 1947, cette émigrée grecque à New York a tout connu. Une première partie dédiée à sa carrière jusqu’en 1965 où elle éblouit les publics des plus grands opéras, une deuxième partie dédiée à « sa vie de femme » consacrée à son seul véritable amour, Aristote Onassis. Mais rien ne fut jamais simple pour cette star des années 60.

Sur scène c’est tout d’abord Lola Deware qui interprète Maria Callas qui n’est alors qu’encore Sophia Cecilia Anna Maria Kaloyeropoulou, une jeune fille rondelette, poussée par sa mère (l’excellente Andréa Ferreol) à devenir cantatrice. Le choix de Lola Deware parait évident : de forte corpulence, la fille de (j’avoue une certaine fascination pour son père), incarne bien cette fille qui souffre de son apparence et qui cherche à se réaliser.

Pour la deuxième partie de sa vie, étape marquée symboliquement par une perte de 30 kg entre 1953 et 54, c’est Sophie Carrier qui est Callas sur scène. Interprétation magistrale de cette cantatrice devenue star, à la silhouette désormais fine, habillée par les plus grands couturiers : les costumes sont superbes. Mais la Maria rondelette reste, reste comme une petite voix intérieur : les blessures du passé ne s’effacent jamais vraiment, et la vedette d’opéra ne remplacera jamais totalement la Maria des débuts. Lola Deware reste donc en scène, vêtue de noire commentant chacune des scènes, souvent des scènes de ménage. Parfois Maria Callas l’écoutera, parfois pas.

La rencontre avec Aristote Onassis va tout changer. Pierre Santini, un comédien que j’adore, donne toute son épaisseur au rôle du milliardaire armateur grecque, grand coureur de jupon, et membre éminent de la jet set des années 60. Cette passion amoureuse mettra littéralement le feu à la vie de Callas. Le mariage du milliardaire avec la veuve du président Kennedy, Jacqueline Kennedy, interprétée par Cécile Pallas, blessera à jamais le coeur de la cantatrice.

La mise en scène est géniale : tout l’espace de la scène est utilisé à merveille et sert parfaitement l’histoire. Nous sommes transportés dans les différentes périodes de la vie de Callas. Les interludes sont exceptionnels (souvent ignorés des metteurs en scène) : c’est une danseuse classique, pointes aux pieds, qui sur de véritables enregistrements de la cantatrice, vient changer le décor. Magique. Il faut rendre hommage pour cela à Raymond Acquaviva, metteur en scène de la pièce mais aussi interprète de Giovanni Battista Meneghini, le mari italien de la cantatrice.

Personnages travaillés, excellents comédiens, mise en scène superbe, et cette voix qui flotte dans le théâtre accompagnant de sa grâce cette pièce qui vous emmènera dans le coeur de la Callas , si torturé.

A noter : la bonne idée du théâtre de mettre dans ses couloirs des photos de la cantatrice ainsi que des textes racontant sa vie. A noter aussi l’excellent site internet (http://laveritablehistoiredemariacallas.com/) très complet sur la pièce. Bravo !

Actuellement au théâtre Dejazet
41, bd du Temple
75003 Paris
tous les soirs à 20h30, les dimanches à 15h,  relâche le lundi

Jef

Au simple mot insolite, il est toujours prêt à faire quelques km en plus. Passionné de voyage, il anime Voyage-Insolite.com et son blog perso Vol714.com, le jour devient dealer de gadgets avec Super-Insolite.com et le jeudi organise l'apéro avec Aperodujeudi.com. Et la nuit dort. Parfois.