On ne refuse pas une invitation à un ballet de Béjart. Même si je ne suis pas un grand connaisseur de danse, de danse contemporaine à fortiori, je sais que les ballets de Béjart sont des expériences à part entière. Si en plus c’est pour fêter les 25 du ballet de Lausanne et que ça se passe au palais des congrès… non vraiment je ne pouvais refuser. Et j’ai eu raison.
Ce soir là, confortablement installés dans les fauteuils du palais des congrès, ce n’est pas un ballet auquel nous avons eu droit mais bien trois. Oui M’sieur ! Influence grecque pour les deux premiers ballets.
Tout d’abord Dionysos de Maurice Béjart sur une musique de Manos Hadjidakis.
Le résumé : Dans une taverne grecque de nos jours, un Grec raconte le mythe de Dionysos, sa naissance miraculeuse et ses danses endiablées qui, de la Grèce, rejoignent le Moyen Orient sur la Route des Indes.
Un mythe actuel, moderne par sa violence et ce souffle de liberté qui l’anime. Eternel parce-que l’homme a besoin de cette ivresse dionysiaque pour retrouver le contact avec la grande Nature et ses forces vivantes, occultées par la pseudo-civilisation des lumières, cartésienne et scientiste.
Je dois avouer avoir été un peu déconcerté par ce ballet. Non pas par sa modernité, puisque les chorégraphies étaient finalement relativement classiques (contemporaines mais classiques…) , non mais je ne suis jamais vraiment « rentré dedans ». J’ai eu du mal à suivre l’histoire et je n’ai pas ressenti d’émotions. C’est à ce moment là où mon fidèle +1 (Guillaume) et moi-même nous nous demandions si vraiment nous étions faits pour être sensible à quelque ballet contemporains que ce soit. Nous retentons l’expérience avec le ballet suivant..
Aria , chorégraphie : Gil Roman et musique : extraits de JS Bach, Nine Inch Nails, Melponem, chants inuits – Compositions originales: Thierry Hochstätter & Jean‐Bruno Meier (Citypercussion)
Le résumé : Première création de Gil Roman après la disparition de Maurice Béjart, Aria met en scène le mythe du Minotaure.
Ce mythe est à l’image de la condition d’artiste, de sa situation labyrinthique interne : la tentative de fusion entre l’instinct et la raison, entre une danse libre, ouverte, et une danse classique, codifée.
Et nous avons été rassuré sur notre capacité à nous émouvoir pour un ballet. Bien plus contemporain et « osé » que Dionysos, Aria dégage puissance et émotion. Le corps est mis à rude épreuve et les danseurs sont poussés à ce qu’on pourrait penser comme leur extrême limite. Des corps qui se croisent, qui ondulent, des processions, des mouvements collectifs, des duos, des musiques parfois très originales… mais un pur bonheur que vous essayez de capter au maximum avec vos yeux et vos oreilles grands ouverts.
Un petit résumé vidéo :
Boléro Chorégraphie : Maurice Béjart, musique: Maurice Ravel
Le résumé : Maurice Béjart précise en ces termes sa conception de l’oeuvre de Ravel: «Musique très connue et pourtant toujours nouvelle grâce à sa simplicité. Une mélodie – d’origine orientale et non espagnole – s’enroule inlassablement sur elle-même, va en augmentant de volume et d’intensité, dévorant l’espace sonore et engloutissant à la fin la mélodie». Maurice Béjart confie le rôle central – la Mélodie – tantôt à une danseuse, tantôt à un danseur. Le Rythme est interprété par un groupe de danseurs.
Bon ben là je n’avais aucun crainte. Je savais la musique de Ravel assez puissante pour m’emmener au 7 ou 8ème ciel. L’inconnu étant l’adaptation chorégraphique de Béjart. Je peux vous le dire : « ça le fait ». La monté en puissance de la musique est parfaitement accompagnée par le danseur, seul au milieu de cette petite scène rouge, et les danseurs qui l’accompagnent tout autour… on est fasciné par cette osmose du corps, des rythmes, de la mélodie… la danse et la musique réunis dans un même souffle que vous prenez en plein visage. Un grand merci Mr Béjart pour ce pur moment.
Un petit résumé vidéo :
Mention spéciale à Hérisson Production déjà pour l’invitation mais aussi pour la qualité de leur travail avec des contenus mis à disposition très intéressants (comme ces vidéos) qui facilitent grandement mon petit travail de blogueur. Un grand merci.