Cambodge me voici

J’étais samedi au théâtre de la Reine Blanche dans le 18ème (juste en face du Kube) pour assister à la première de Cambodge me voici, une pièce écrite et mise en scène par Jean-Baptiste Phou. Au revoir pays mettait en scène l’exil et l’intégration de la communauté laotienne, Jean-Baptiste Phou lui nous pale de sa communauté, la communauté cambodgienne. Un huit clos au consulat du Cambodge à Paris avec 4 femmes, de différentes générations, à l’histoire différente et aux aspirations différentes qui viennent demander un visa ou des documents administratifs. Une jeune métisse qui ne connait pas le Cambodge (Sonadie San, alias Sophea), une future mariée cambodgienne qui a choisi d’épouser un français (Ravie Khing alias Sovandara), une femme célibataire intégrée en France qui cherche à adopter une petite cambodgienne (Vantha Talisman alias Mom) et enfin une mère de famille de sang royal, désireuse d’oublier le Cambodge et son passé (Chaya Roat alias Metha).

Un huit clos est toujours un exercice très compliqué : cela exige le meilleur des comédiennes et une mise en scène innovante et travaillée. On sent dans cette pièce un investissement sans faille de toute l’équipe. Je n’ai pas tout le temps été emballé par la mise en scène ou le jeu des comédiennes.  J’ai peut être parfois été moins sensible à des remarques, des allusions ou de l’humour adressé directement à la communauté cambodgienne. En tout cas, ce n’est pas du tout les expressions en khmer qui ont posé problème, au contraire elles donnaient une couleur cambodgienne intéressante. Mais après tout, la pièce est peut être d’abord destinée à cette population.

Mais passons un peu à ce que j’ai bien aimé ! Tout d’abord le personnage de Mom était particulièrement bien écrit : ambivalente, sûre d’elle, commerciale, joyeuse… un personnage très complet, complexe et bien senti. Vantha Talisman incarne à merveille Mom : on sent qu’elle maîtrise parfaitement son sujet et c’est un vrai plaisir que de la voir jouer. Ensuite j’ai apprécié les coups de folies du metteur en scène. La scène, où sous l’impulsion de Mom (Vantha Talisman est une danseuse khmer traditionnelle), les 4 femmes dansent sur scène, en chantant les qualités clichés que leurs portent les occidentaux (soumise, docile, travailleuse, souriante…) est exquise. Cambodge me voici fait un peu le trajet inverse d’Au revoir pays :  des cambodgiennes redécouvrent leurs compatriotes alors que la famille laotienne découvre la France. Comme pour la pièce de Thiane , je me réjouis que ces communautés asiatiques si silencieuses  en famille comme en public sur leur passé, trouvent dans cette pièce un bout de leur histoire, de leur mémoire mais aussi de leur présent. Je vous invite à nous donner votre avis sur la pièce de Jean-Baptiste Phou, dépêchez vous il ne reste que 2 représentations : le 16 et 17 avril, c’est à dire ce week-end.

Ecrit & mis en scène par Jean-Baptiste Phou, avec Sonadie San, Ravie Khing, Vantha Talisman, Roat Chaya et Rotha Moeng.

Au Théâtre de la Reine Blanche
2 bis passage ruelle, 75018 Paris
Métro : La Chapelle (L2) ou Marx Dormoy (L12)

Le samedi 16 avril à 18h30 et le dimanche 17 avril à 19h

2 commentaires

  1. Je ne suis pas tout à fait d’accord avec la critique. Cette pièce traite d’un thème universel et nombre d’Iraniens ou de Chiliens exilés en France ou ailleurs se retrouveront dans ces quatre personnages d’origine cambodgienne. Il s’agit de quatre prototypes que l’on retrouve aisément dans d’autres communautés exilées pour des raisons politiques.

    La force de cette pièce est justement là et j’espère qu’elle rencontrera un succès en dehors de la communauté cambodgienne et des Français amoureux du Cambodge.

  2. ah enfin un peu de débat sur ce blog 🙂
    c’est vrai que le thème est totalement universel et « Au revoir pays » (http://www.vusurscene.com/2010/10/17/retour-au-laos-avec-au-revoir-pays/) avait cette même démarche. Mais au delà du message universel, j’ai moins pris de plaisir qu’Au revoir pays sur les répliques ou certaines scènes. Je me disais que ces moments là étaient plus destinés aux cambodgiens. Mais on est d’accord, les personnages peuvent se retrouver à des niveaux diverses dans bien d’autres communautés.

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