« Les étoiles de notre ciel »- Flavia Lorenzi

Ariane Mnouchkine est devant moi, spectatrice de ce qui se jouera sur cette scène. Maïe Degove aussi, sur scène, une bulle transparente entre les mains. Du doré jonche le sol, la couleur qui répare les brèches inconsolables. On songe aux « harmonies Werckmeister » de Bela Tar quand la jeune femme debout sur la table évoque la voie lactée et les nébuleuses.

« Je me suis jurée de regarder le ciel toutes les nuits pour retrouver ma sérénité. » Comme Etty Hillesum qui malgré l’horreur de la déportation, avait su trouver un espace en elle-même grâce à la beauté des cieux.

Ici on marche sur la lune parce que c’est trop douloureux en bas.

Les bruits de la guerre explosent dans un micro contre lequel vient se heurter le papier froissé.

Le velours rouge contient tous les chagrins et le sang versé sur les étoiles.

« Un cadavre ne peut pas devenir une étoile » nous rappelle l’un des personnages. Nos 4 comédiens revêtent tour à tour les visages d’inconnus touché par la guerre.
La guitare électrique et Mozart font oublier un temps ses ravages.

A 15 ans, on ne devrait pas être dans un ghetto, on ne devrait pas se souvenir que le pire s’est déjà joué, on ne devrait pas avoir connu la Nuit de Cristal, ni les camps, ni la guerre du Vietnam, ni celle en Bosnie.

On voudrait que l’étoile jaune disparaisse et se transforme en pluie de pétales dorées, que ce soit aussi beau que l’une des scènes de « Poésie sans fin », on voudrait danser dos contre dos et que les pères soient là, on voudrait pouvoir dire adieu avant, on voudrait que Bonnie and Clyde ne s’éteignent jamais, on voudrait que les survivants ne soient pas morts là-bas, et que les anges existent.

C’est l’histoire avec un grand H, c’est le drame que provoque la guerre, c’est Charlotte Delbo, Imre Kertezs et tous les mots de ceux qu’il ne faudrait jamais oublier. « Tout ange est terrifiant » écrivait Rilke. Ceux-ci sont réconfortants.

La cartoucherie, route du champs de manoeuvre

Cindy Mollaret

Curieuse insatiable, Passionnée d'art, En quête de Beau, Et de liberté, Eveilleuse d'âme, Exploratrice du vivant, Les mots m'enveloppent depuis Toujours.