Ce soir là j’avais rendez-vous au coeur du 2ème arrondissement de Paris, aux Bouffes Parisiens. L’un des théâtres historiques de la capitale (ouvert en 1855) accueille depuis début septembre la nouvelle pièce de Sébastien Thierry, Ramsès II.
La naissance de Ramsès II
L’origine de la pièce ? C’est François Berleand qui nous la livre lors d’un verre pris ensemble avec d’autres blogueurs théâtre après la représentation. En tournée avec Sébastien Thierry, le comédien fête ses 60 ans. L’occasion de recevoir de nombreuses pubs pour des assurances obsèques, des baignoires à portes et ces fameux fauteuils Stannah qui montent les escaliers. S’amusant de la situation, Sébastien Thierry dit à Berleand : « je vais t’écrire une pièce là-dessus. »
Du pur jus Sébastien Thierry
Ma dernière rencontre avec Sébastien Thierry date de sa première pièce : Cochon d’Inde. Ouais ça date. Et ça a beau daté j’en gardais pas un souvenir de folie. A trop vouloir se tordre, la pièce m’avait un peu perdu. Mais je poussais les portes des Bouffes Parisiens (et non du Nord) vierge. Car si j’allais voir une pièce écrite par Sébastien Thierry, j’allais aussi beaucoup voir leurs interprètes : Elise Diamant, Evelyne Buyle, Eric Elmosnino et François Berleand. François B E R L E A N D quoi. Je kiffe François B E R L E A N D. Voilà je vous le dis. Je le trouve tellement juste dans chacun des rôles où je l’ai vu (notamment Ne le dis à personne de Guillaume Canet) : une capacité à faire rire tellement puissante sans faire grand chose. Le mec me fascine. Alors imaginez quand on me propose d’aller le voir sur scène…
Je m’assois dans le (trop) petit fauteuil des Bouffes, les lumières s’éteignent, le rideau se lève, place à la scène.
Le superbe décor, l’intérieur d’une maison à étage, se découvre. Evelyne Buyle, alias Elisabeth, accueille son gendre. François B E R L E A N D (je suis désolé j’ai tout le temps envie de l’écrire en majuscule) entre en scène dans son fauteuil roulant.
Je ne vous raconterais pas l’histoire en tant que telle. Elle reste très importante pour prendre plaisir devant la pièce. Mais je peux vous parler du sujet. Sébastien Thierry aime traiter des personnes en marge de la société. Ici, c’est un couple de retraités, isolés dans leur maison de campagne. Evelyne Bouyle le répète bien souvent à son mari : elle ne veut pas finir seule et isolé avec son mari, loin de tous. Cette peur, cette pression de finir seul et vieux, joue un rôle tout particulier dans la pièce.
Eric et François
Bon je crois que ça n’a échappé à personne : je suis fan de François B E R L E A N D (je l’ai encore écrit en majuscule ?) et je n’ai pas été déçu. Il incarne à merveille ce Jean. De simples mimiques, des regards qui traduisent parfaitement le texte. Dans notre échange après la pièce, je peux confirmer qu’il est comme on l’imagine : affable, plein d’humour, passionné par ce qu’il fait.
Mais la grosse surprise, c’est Eric Elmosnino. Je connaissais le comédien mais je ne l’avais jamais vu sur scène. Et j’ai vraiment été bluffé. Même si après la pièce, il nous confiait ne pas être content de son jeu ce soir-là. Non vraiment je l’ai trouvé génial, il incarnait parfaitement ce gendre totalement à l’ouest. Son ton, ce tremblement dans la voix, j’étais à fond dans le personnage. Merci.
Je vous parlais du thème de la vieillesse, c’est aussi de la thème de folie qui est abordé ici. Vous ne saurez qu’à la fin qui est vraiment fou et ça, c’est grâce à la justesse des comédiens.
Mise en scène
Du côté de la mise en scène, on est bien embarqué et la mise en scène n’y est pas étrangère du tout. Par exemple ces silhouettes à chaque fois que le gendre entre dans la maison. Une ombre inquiétante qui veut dire beaucoup.
C’est aussi des bons moments de rire comme avec ce fauteuil pour monter les escaliers destiné à Jean (vous vous souvenez, l’origine de la pièce). Quand il s’énerve, qu’il veut partir avec fracas, il jette son journal par terre et… met 30 ans à monter l’escalier avec le petit bruit électrique de ce siège, symbole de la vieillesse à lui tout seul.
La violence aussi est présente en fin de pièce et elle installe une tension palpable. C’est même un peu dur à vivre, ce qui révèle le succès de la mise en scène, du jeu d’acteur et de l’écriture.
Je dois bien avouer que je suis un peu resté sur ma faim concernant la conclusion de la pièce et qu’elle pollue un peu mon jugement sur la pièce. Mais je n’oublie pas le plaisir que m’ont donné les comédiens sur scène.
AUTEUR Sébastien THIERY
MISE EN SCÈNE Stéphane HILLEL
AVEC François BERLEAND – Eric ELMOSNINO – Evelyne BUYLE – Elise DIAMANT
DÉCORS Jacques GABEL – LUMIÈRES Dominique BORRINI – COSTUMES Anne SCHOTTE – MUSIQUES François PEYRONY
HORAIRES du mardi au samedi à 21h – Matinées le samedi à 17h30 et dimanche à 15h- durée environ 1h40
Jusqu’au 31 DÉCEMBRE 2017
Les Bouffes Parisiens 4 Rue Monsigny, 75002 Paris