“J’embrasse mon rival, mais c’est pour l’étouffer.”

Célèbre tragédie en 5 actes – et en alexandrins – de Jean Racine, Britannicus nous fait voyager dans l’empire romain en nous racontant la dernière journée du personnage éponyme, assassiné par son frère, l’empereur Néron, dont la cruauté a marquée ses 14 années de règne.

Jouée dans la plus belle – et la plus grande salle – du théâtre de Ménilmontant, appelée communément « XXL », la pièce débute par un prologue imaginé par la compagnie Minuit44. Avec une musique glaçante en fond sonore, la princesse Junie mime son propre enlèvement dans une danse cauchemardesque où pointe la sensualité. Sur la scène, on devine une grosse araignée en métal industriel dont l’aspect renforcera par la suite le caractère pesant de ce huis clos ayant pour cadre le palais romain de Néron.

Britannicus-Menilmontant

Au début de l’acte dit d’exposition, Agrippine entre sur le plateau, fulminant contre Néron qui vient d’enlever la jeune princesse – accessoirement la dulcinée de Britannicus. Pendant cette scène, rouages machiavéliques et luttes pour le pouvoir sont esquissés à grands traits : les principaux thèmes de la pièce – étudiée au lycée, autant dire dans une autre vie – me reviennent en mémoire, tout comme l’arbre généalogique des Julio-Claudiens, enfoui sous des strates de béton armé. Agrippine a eu une autre vie avant de devenir un personnage de Claire Bretécher ? Visiblement oui. Tout oppose la jeune Junie et ce personnage dont le « courroux » n’est jamais vraiment habité. Les autres comédiens, qui sont présents sur scène quasiment pendant toute la pièce, ont de l’énergie à revendre et apliquent avec brio les règles raciniennes de diction. Mention spéciale pour le monologue de Néron qui frappe étrangement par sa sincérité « Excité d’un désir curieux / Cette nuit je l’ai vue arriver en ces lieux / Triste, levant au ciel ses yeux mouillés de larmes / Qui brillaient au travers des flambeaux et des armes / Belle, sans ornement, dans le simple appareil/ D’une beauté qu’on vient d’arracher au sommeil » (Acte II, scène II).

THEATRE DE MENILMONTANT
15 rue du retrait, Paris 20
Tél. 01 46 36 98 60

du 4 au 25 juillet au Festival d’Avignon -Théâtre Notre-Dame.

Tiphaine Cariou

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