« Vive la crise ! »: un point de vue grec sur la crise

Tous les mardis et mercredi soir à 21h30 à la comédie St-Michel, une toute petite scène parvient pourtant à accueillir six comédiens, leur galerie de personnages et une mise en scène dynamique qui, au fil d’une succession de saynètes, nous dépeignent la situation critique de la politique et de l’économie grecque. Seul personnage récurrent, le premier ministre Georges Papandréou. Articulés autour de ses sorties (ratées) sur la scène politique internationale et ses déclarations teintées d’ignorance (volontaire ou non) de la situation réelle de son pays, le texte et la mise en scène en font un chef d’état immature et le ressort comique principal de la pièce. Car, oui, on rit franchement devant ce personnage grotesque très bien servi par son comédien.

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Scène après scène, le spectacle montre ce décalage entre l’attitude et les déclarations de Papandréou et l’oppression économique subie par le peuple. Passant d’un genre à un autre, d’un ton à un autre, d’une scène caricaturale avec Papandréou à la réinterprétation des drames individuels ou collectifs d’une société en banqueroute, la troupe cherche à nous faire passer du rire aux larmes. Et malgré une certaine hétérogénéité en matière de finesse de jeu dans la distribution, l’objectif est atteint.

Le spectacle plaît, notamment à mes voisins de fauteuils, et c’est mérité. Oui, c’est mérité car il faut bien reconnaître à cette troupe un engagement réel dans leur sujet, or un spectacle qui a des choses à dire –à crier même- et qui y parvient de façon claire et sans perdre ses exigences de spectacle, cela se salue et vaut le détour.

Mais.
Face à un spectacle rythmé qui ne manque pas d’audace (je vous laisse la surprise d’une entrée en matière étonnante, avant même la montée en scène des comédiens), je reste pourtant réservée sur la réussite du pamphlet politique. A mes yeux, l’analyse de fond manque de recul et de nuance. Oh bien sûr, la nuance, ce n’est probablement pas le but non plus. Le ton caricatural, politiquement incorrect, est donné dès la première scène (un asile psychiatrique plein d’hommes et femmes politiques contemporains dont on taira ici les noms !) mais la suite finalement ne s’éloigne de la caricature que pour jouer la carte des sentiments (mise en scène des suicides, des expatriations et attaques meurtrières générés par la crise). Me (re-)sensibiliser à la situation grecque? oui, mille fois! Simplifier l’ensemble en mettant en perspective des victimes de la crise, nombreuses, de diverses façons, à un seul homme? Discutable.

Vive La crise
Dates/horaires : du mardi et mercredi (21h30) jusqu’au 29 janvier 2014
à la comédie St Michel

Fanny

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