Songe d’une nuit d’été à la Porte Saint Martin

Il est difficile d’aller voir une pièce de théâtre qui a autant de moyens (médiatiques notamment) sans à priori : stars sur les planches (Mélanie Doutey et Lorant Deutsch), 17 comédiens, chants, danses, un magnifique théâtre, William Shakespeare… tout ça donne un peu le tournis et on se dit : soit c’est le spectacle tape à l’oeil sans âme ni génie mais fait pour le business soit… ben soit c’est mortel. Et c’est mortel.

La pièce tout d’abord et donc l’auteur. J’adore le nom de cette pièce : il évoque tout de suite, sans le nommer, quelque chose de magique, de féérique. La nuit l’été c’est peu le champ de tous les possibles, et ça que ce soit au XVIIème siècle (siècle de Shakespeare) ou au XXIème, ça n’a pas changé. L’histoire est complexe. Enfin l’histoire, LES histoires. Amours, trahisons, filtre d’amour, elfes, fées, roi, reine… vous mettrez un petit moment à comprendre quelque chose. Mais Shakespeare sait où il veut vous emmener. Loin, dans votre inconscient, dans vos espoirs amoureux les plus fous, dans vos délires les plus elfiques. Et vous marchez, vous courrez. Mais outre ce fantastique auteur, pour vous emmener il faut des interprètes et une mise en scène. Et on est servi.

Marie-Julie Baup m’a énormément fait rire. Certes son personnage (Héléna) est écrit pour : jamais heureuse en amour, le demoiselle se croit persécutée tout le long de la pièce. Mais la comédienne (Madame Deutsch à la ville) le joue pour moi à la perfection. Un vrai moment de plaisir. Nicolas Briançon (Thésée et Obéron) (qui est aussi le metteur en scène) incarne parfaitement un roi des fées (Obéron) très rock’n’roll tout de cuir vêtu, petites lunettes rondes, machiavélique mais avec une pointe de tendresse pour l’humanité. Il faut bien avouer que le rôle de Puck (le lutin farceur) va comme un gant à Lorant Deutsch : maladroit, taquin, bavard, le lutin s’éclate dans ses missions. Moment assez saisissant selon moi : à la fin de la pièce, avant le salut, Puck s’adresse à nous, mais c’est bien William Shakespeare qui parle, nous demandant la plus grande clémence vis à vis de son travail. J’imagine bien William Shakespeare sous les traits de Lorant Deutsch : éclairé, maniant l’humour et la langue avec finesse et génie…
Bon là j’en viens à Mélanie Doutey : je suis fasciné par cette femme. Pourquoi ? Je ne sais pas. Enfin si elle joue très bien et tout, mais il y a quelque chose chez elle qui me déboussole. Bref rien d’objectif, quand elle apparait, je souris, béat.

Un mot tout de même sur la mise en scène de Nicolas Briançon. Le parti prix (comme vous pouvez le voir sur l’affiche) est de placer cette pièce censée se passer à l’antiquité grecque dans les années 70 ! Un décor tout droit sorti de Chapeau Melon et Bottes de Cuir où les fées dansent autour de pôle dance et les trône sont en fauteuil oeuf blanc et orange. D’ailleurs petite trouvaille qui m’a bien plu : lorsque les personnages se perdent dans la forêt, ce n’est pas une « pauvre » bande sonore  de hiboux et de grillons qui vous accompagne mais le son des voix mêlées des fées , imitant le roucoulement d’un oiseau, le sifflement d’un animal… et le rendu est génial. C’est peut-être un détail pour vous…

Vous ressortez de cette pièce de théâtre comme d’un voyage : dépaysement garanti ! Je ne peux que trop vous conseiller d’aller faire un tour du côté de la Porte Saint Martin : vous y rencontrerez des fées, des amours, de l’humour et le pure plaisir d’un spectacle vivant. C’est l’une des premières pièces à produire un teaser vidéo et comme elle est bien faite, la voici :

Théâtre Porte Saint Martin
18, bd St Martin
Paris 75010

Du 10 septembre au
31 décembre 2011
Du mardi au vendredi à 20h
Le samedi à 16h45 et à 20h30
Durée : 2h00

Jef

Au simple mot insolite, il est toujours prêt à faire quelques km en plus. Passionné de voyage, il anime Voyage-Insolite.com et son blog perso Vol714.com, le jour devient dealer de gadgets avec Super-Insolite.com et le jeudi organise l'apéro avec Aperodujeudi.com. Et la nuit dort. Parfois.