Bienvenue à l’Hotel des deux mondes

Ce soir là j’étais au Rive Gauche. Oui ce théâtre de la rue de la Gaieté, au coeur du quartier Montparnasse accueille en ce moment et jusqu’au 30 mars, la pièce d’Eric-Emmanuel Schmitt écrite en 1999 mise en scène par Anne Bourgeois : l’Hôtel des Deux Mondes. Une pièce de deux heures où les questions philosophiques de la vie et de la mort s’entremêlent avec les sentiments… Asseyez-vous confortablement dans votre feuille, les 3 coups sont lancés.

L’ascenseur de vie ou de mort

Nous découvrons en même temps que le héros de la pièce, Julien Portal (Davy Sardou), cet hôtel des deux mondes. Seul un ascenseur peut nous y amener ou nous en faire partir. Et évidemment c’est la volonté divine ou le destin qui choisit dans quelle direction vous allez : vers le haut, direction le ciel, vers le bas, retour sur terre.

Hotel des deux mondes © Fabienne Rappeneau

Une galerie de personnage magique

Des anges, une Docteur S (Odile Cohen)… on pense tout de suite à un purgatoire. Mais c’est un peu plus complexe que ça. Ici on ne juge pas. Julien rencontre petit à petit les autres pensionnaires de cet hôtel entre le monde des vivants et des morts. Et c’est là notre vrai coup de coeur : Michèle Garcia (Marie), Jean-Jacques Moreau (le président Delbec) et le génial Jean-Paul Farré (le mage Radjapour)  illuminent la pièce de leur jeu simple et puissant. Quel bonheur de les voir jouer « si facilement ». Plus de comédiens sur la scène mais des personnages qui nous parlent.

Hotel des deux mondes © Fabienne Rappeneau

Un lieu de transit hors du temps

Les situations cocasses s’enchaînent dans ce lieu de transit. Les pensionnaires obtiennent des nouvelles de leur enveloppe charnelle d’en bas, quand seront ils appeler à mourir ou revivre… L’occasion pour les personnages de faire un bilan de leur vie : à deux doigts de la mort tous ont envie de faire mieux, de se racheter, de changer leur vie. Chez le spectateur cette question résonne : et moi si j’étais face à la mort, serais-je heureux de ma vie ?

L’histoire d’amour de Julien avec Laura (Noémie Elbaz), nouvelle arrivée dans cet entre-deux-mondes, parait un peu parachutée. Mais l’amour ne pouvait pas être absent de cette tranche de vie qui ne laisse aucun souvenir une fois revenu sur terre. Et c’est tout le dilemme pour les amoureux. [minute people ouverte] A noter que ce couple de scène est aussi couple dans la vie [minute people fermée].

Hotel des deux mondes © Fabienne Rappeneau

Rassurez-vous je suis loin de vous avoir tout raconté. Vous irez de surprise en surprise dans cette pièce « poupée russe » où les questions existentielles s’emboîtent les unes avec les autres.

Une mise en scène qui donne plus de sens

La mise en scène prend bien sa part dans la pièce. On retrouve l’expérience de mort imminente avec la lumière blanche puissante lorsque les pensionnaires arrivent ou repartent, les personnages entendent leurs proches parler (l’impression de flotter dans la salle d’opération). A noter aussi ces tableaux : lorsque des personnages sont en arrière plan sur la scène (une monologue ou dialogue d’autres personnages) s’installe un jeu de regard.

Par exemple, Julien, Laura et les deux anges, lors d’un monologue du mage Radjapour me semble-t-il, se sont fixés les yeux dans les yeux avec sourire ou pas. La première fois que je vois cela dans une pièce et quand on y réfléchit cela ne doit pas être si facile pour les comédiens : se fixer droit dans les yeux, s’échanger les regards, tout en restant dans leurs personnages… pas facile.

Si vous aimez Eric-Emmanuel Schmitt et les questions philosophiques sur scène, rendez-vous au théâtre rive gauche jusqu’au 30 mars.

Merci au théâtre d’avoir participé à l’Apéro du Jeudi en offrant des places pour la pièce.

Théâtre Rive Gauche / @ThtreRiveGauche
6, rue de la Gaieté
75014 Paris
http://www.theatre-rive-gauche.com

Hôtel des Deux Mondes
Auteur : Eric-Emmanuel Schmitt / @EESchmitt
Mise en scène : Anne Bourgeois
Distribution : Noémie ELBAZ (« Laura »), Davy SARDOU @davysardou (« Julien Portal »), Jean-Paul FARRE (« Le mage Radjapour »), Michèle GARCIA (« Marie »), Jean-Jacques MOREAU (« Le président Delbec »), Odile COHEN (« Le docteur S »)

Jusqu’au 30 mars
Du mardi au samedi à 21h
Matinée le dimanche à 15h
Tarifs guichet : 45€ (Carré Or), 36€, 27€

Jef

Au simple mot insolite, il est toujours prêt à faire quelques km en plus. Passionné de voyage, il anime Voyage-Insolite.com et son blog perso Vol714.com, le jour devient dealer de gadgets avec Super-Insolite.com et le jeudi organise l'apéro avec Aperodujeudi.com. Et la nuit dort. Parfois.